28/10/2010

Une rencontre pour parler d'agriculture ...

LE 5 NOVEMBRE 2010
À 20H30
À LA SALLE D’ANIMATION
ROCHE

Moi je suis consommateur ….
Moi je suis agriculteur…
Moi je suis élu local….
Moi je suis citoyen…..

… et je me sens concerné par l’avenir de l’agriculture.

Lorsque l’on discute avec les agriculteurs Rochois, ils disent toute leur difficulté à continuer de vivre de leur activité, et les interrogations qu’ils ont pour l’avenir.

Nous, consommateurs, lorsque nous cherchons des productions locales de qualité, nous nous tournons vers des fermes de communes voisines.

Ailleurs, des agriculteurs et des citoyens, ensemble, se sont organisés pour mettre en place des circuits courts de valorisation des produits.

Nous sommes un groupe de citoyens consommateurs, qui ont conscience de la difficulté dans laquelle se trouvent les agriculteurs, et nous pensons que tous les citoyens sont concernés par ce sujet. Nous poursuivons l’objectif de susciter des occasions d’échanger entre citoyens consommateurs, agriculteurs et acteurs du monde agricole.

C’est pourquoi nous vous proposons une réunion ouverte à tous, pour permettre aux agriculteurs et aux autres citoyens d’échanger.

24/10/2010

Consommateur(trice) et Citoyen(enne)

Pour les consommateurs la période depuis la guerre jusqu'à aujourd'hui peut être divisée (pour faire simple) en deux: les 'trente glorieuses' jusqu'aux années 1980, et depuis 1980 jusqu'à aujourd'hui marqué par la mondialisation. La première période a vu une progression constante du pouvoir d'achat des Français, et en même temps l'apparition des grandes surfaces, qui donnaient expression petit à petit à l'abondance des produits qui étaient offerts aux consommateurs. Une nouvelle aire de prospérité s'ouvrait, et tout le monde était séduit! Une agriculture qui produisait de plus en plus grâce aux engrais et pesticides répondait à la demande à la fois des urbains consommateurs, et des grandes sociétés de distribution. Celles-ci développaient de puissantes centrales d'achat capables de faire venir de partout en France - et progressivement de l'Europe et du reste du monde - les produits alimentaires les plus variés.



Cette 'mondialisation heureuse' a pris un essor considérable à partir des années '80, et le consommateur pouvait manger des haricots verts du Kenya à noël, des tomates et des fraises tout l'hiver, et toutes sortes de fruits exotiques d'Asie et d'Afrique. A partir du dévéloppement de l'économie financière (la révolution Reagan/Thatcher) les grandes enseignes avec leurs puissantes centrales d'achat faisait de l'alimentation une source de profit, et étaient capables de dicter aux agriculteurs ce qu'ils devaient produire et le prix auquel ils devaient le vendre, et aux consommateurs ce qu'ils devaient manger. Mais les premières fissures se sont rapidement manifestées dans ce système parfait, où tous trouvaient leur 'bonheur'.



Déjà dans les années 60/70 nous avons entendu parler des surproductions en Europe. La Politique Agricole Commune (PAC) était contraint de dépenser des sommes considérables pour stocker ces surplus, et les retirer du marché, car des excédents entraînent inévitablement l'effondrement des prix. Le citoyen était de plus en plus conscients à travers les manifestations des agriculteurs que ces derniers subissaient des pressions à la baisse de la part de la grand distribution alors que lui-même, en tant que consommateur, était sous le feu constant des publicitaires: "Moi je suis le moins cher". Et puis il y a eu des événements plus dramatiques: le scandale de la vache folle, où par pur recherche de profits on a voulu transformer un ruminant en carnivore au mépris de la vie des animaux, et de la santé publique. Et puis les veaux élevés aux hormones, et les OGM etc. etc. La mondialisation heureuse avait volé en éclat pour beaucoup d'agriculteurs et citoyens/consommateurs.



Déjà dans les années '80 était né un mouvement l'Alliance, qui regroupait des agriculteurs, des mouvements écologistes, et des mouvements de consommateurs. De part et d'autre il y avait un mécontentement avec le système 'productiviste', et les pratiques de la grande distribution dans le contexte de la mondialisation. Depuis quelque temps des agriculteurs 'marginaux' et très minoritaires cherchaient à la fois de réduire leur dépendence de l'industrie chimique, et leur consommation d'énergie, d'une part, et d'autre part augmenter la valeur ajoutée de leurs productions. Est ainsi né le mouvement des AMAP (Association Pour le Maintient de l'Agriculture Paysanne). Avec leurs partenaires ils ont cherché à mettre en place des circuits de vente locaux qui garantissent à l'agriculteur une clientèle régulière et stable capable d'assumer sa part du risque inhérent à toute forme d'agriculture, en payant à l'avance sa consommation. De son côté l'agriculteur s'engage à fournir des produits sains, sans utilisation de produits chimiques polluants et dangeureux pour la santé. Il livre chaque semaine un panier de produits de saison.

Depuis une dixaine d'années fleurissent partout des expériences de circuits de commercialisation courts très divers: des magasins gérés par des groupes d'agriculteurs (La Halle Paysanne à Bourgoin); des groupements d'agriculteurs où chacun ouvre un point de vente chez lui, dans lequel le consommateur peut trouver une ou deux fois par semaine les productions des autres agriculteurs du groupe: fromages, légumes, fruits, viande de boeuf et de porc, volailles, oeufs etc (La Ferme de Malatrait à la limite des Communes de St. Georges et Roche); des AMAP (il y en a deux sur Villefontaine); des marchés de producteurs ou de producteurs bio, etc. Toutes ces expériences cherchent à réaliser un autre modèle d'agriculture, et une autre relation de cette agriculture avec le territoire où elle se trouve. Il s'agit pour l'agriculteur et le consommateur de devenir 'acteur' l'un et l'autre de la 'filière' qu'ils mettent en place. Le consommateur souhaite trouver des produits sains de l'agriculture locale; des légumes de saison, et peut-être par-dessus tout un autre lien avec celui ou celle qui produit sa nourriture.

17/10/2010

La Crise de l'Agriculture

Toutes les filières agricoles rencontrent actuellement de graves difficultés; hier c'était la filière du lait (le problème n'est que partiellement solutionné), aujourd'hui ce sont les producteurs de viande: bovine, porcine, volailles, qui sont mis en difficulté par la speculation à la hausse, sur le prix du maïs. Chaque été les producteurs de fruits et légumes manifestent leur mécontentement concernant les prix pratiqués par la grande distribution, et la concurrence des producteurs du sud. Les producteurs de céréales sont à la merci de la fixation de prix sur le marché mondial (Chicago), et de la spéculation qui s'y pratique. La situation de crise que vit actuellement l'agriculteur rochois, et plus généralement français, est liée aux politiques agricoles nationales et européennes menées depuis les années '50.


Nous ne pouvons pas, dans les limites d'un court résumé, écrire cette histoire, mais il est nécessaires d'en indiquer quelques éléments clés pour comprendre. En résumant, nous courons le risque de simplifier ou omettre certains faits importants; à vous de compléter et de corriger par vos commentaires pour que le compte-rendu soit plus proche d'une réalité très complexe.

  1. A la sortie de la guerre, et dans l'effort de reconstruction du pays, le Général de Gaulle avait décidé de coupler l'augmentation des rendements agricoles au développement des industries chimiques et mécaniques. Il est à noter que la France avait atteint l'autosuffisance alimentaire bien avant cette époque, et donc ce couplage était surtout à l'avantage des industries chimiques et mécaniques, qui avaient beaucoup de retard par rapport aux voisins de la France. Cela permettrait au passage de moderniser l'agriculture française et 'liquider' la paysannerie. Il s'agissait de mettre en place un nouveau modèle agricole, dont nous héritons aujourd'hui. On a donc créé un cercle vertueux: pour augmenter la production alimentaire il faut des engrais, des désherbants, et des pesticides (industrie chimique), et des tracteurs (industrie mécanique); en retour ces industries crée des emplois pour ceux qui quittent la campagne pour la ville; cette population urbaine croissante a besoin de nourriture en quantité plus importante.....etc... La consommation de produits "phytosanitaires" et d'engrais en France a été multipliée par 9 entre 1970 et 2000.
  2. La Politique Agricole Commune est constituée essentiellement d'aides et de subventions. Les objectifs de cette politique (largement influencés par la France, principal bénéficiaire) étaient de favoriser certaines productions: céréales pour l'exportation; augmenter les rendements, agrandir la taille des exploitations et ainsi "éliminer" les petites structures pour produire une alimentation "bon marché". Le paysan est devenu "exploitant", et la ferme "exploitation; on gère son entreprise comme une autre. Les agriculteurs des pays européens sont mis en concurrence entre eux; les fruits et légumes espagnols avec les productions françaises, et récemment les producteurs de lait allemands avec les producteurs français. L'élevage/polyculture est abandonné pour la mono culture d'un côté, et le "mono" élevage de l'autre pour des raisons économiques. Le risque que cela comporte (mettre tous ses oeufs dans le même panier!) n'était pas perçu pendant la période de montée en puissance de cette politique, car l'agriculteur était toujours assuré du soutien sans faille du gouvernement et de l'Europe. Les agriculteurs vivent à coup de subventions, alors que le consommateur ne paie pas sa nourriture au juste prix. Aucun gouvernement ne pouvait ignorer la demande d'une nourriture bon marché de la part des populations, ni négliger l'importance des exportations agricoles dans le balance des paiements.
    Entre 1970 et 2000 le nombre d'agriculteurs est passé en France de 1 200 000, à 600 000.
  3. En 1994 l'agriculture est entré dans l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), avec l'Accord Agricole de l'Uruguay Round. Les agricultures nationales sont mises en concurrence entre elles, et l'alimentation est réduite au statut de simple marchandise, véhicule de la spéculation et du profit. Ce moment marque l'hégémonie des multinationales de l'agro-business et de la distribution sur le monde agricole. Heureusement toutes les secteurs de l'agriculture ne sont pas encore concernées; les négociations de Doha sont bloquées depuis plusieurs années, car les pays du Sud et certaines ONG réclament le droit de protéger leur agriculture d'une concurrence inégale, et n'acceptent plus que les marchés des pays pauvres soient ouverts aux produits du nord, alors que l'Amérique et l'Europe subventionnent très fortement leurs agricultures. L'autosuffisance alimentaire de ces pays est à ce prix. Le souvenir reste vif des spéculations sur le prix du riz (céréale le plus mangé dans le monde) en 2008, lors que les traders ne pouvaient plus spéculer sur l'immobilier, alors qu'il y avaient des émeutes de la faim dans plusieurs pays du Sud. Nous avons appris pas plus tard qu'hier (16 octobre), à l'occasion de la journée mondiale contre la faim, que 3 millions d'enfants meurent de malnutrition chaque année, dix milles par jour!
  4. Les divers productions sont organisées en filières complexes pour assurer la transformation, le conditionnement, et l'acheminement vers les villes, et la distribution aux consommateurs. Dans ce modèle industriel, les produits agricoles voyagent beaucoup, mais surtout, l'agriculteur a perdu le contrôle sur ce qui se passe en amont comme en aval de son propre travail. Il maîtrise en rien les coûts de ce qu'il achète: engrais, désherbant, pesticides, aliments pour bétail, machines, qui sont lourdement tributaire du prix du pétrole. Il ne maîtrise pas non plus la fixation des prix de ce qu'il vend. Les multinationales de la distribution, et les grandes entreprises (souvent coopératives) de la collecte, transformation et conditionnement font pression sur le producteur pour réduire ses marges bénéficiaires pour pouvoir augmenter les leurs! Le noeud de la crise du lait en 2009/10 se résume à cette équation: les prix de tout ce que l'agriculteur achète sont en augmentation, et les entreprises de conditionnement et de distribution imposaient un prix d'achat du lait en-dessous du prix de revient du producteur. Beaucoup de producteurs de lait sont en grande difficulté car ils travaillent à perte depuis des mois. Et si les producteurs de lait disparaissaient?


Ces politiques se sont déployées pendant deux périodes distincts: dans un premier temps les "trente glorieuses", où tout semblait aller pour le mieux. A partir des année '70 avec la montée en puissance du néo-libéralisme, et l'idéologie de la main invisible du marché, les choses ont plutôt mal tourné pour les agriculteurs. Récemment le ministre de l'Agriculture, M. Bruno Le Maire, déclarait que la crise actuelle de l'agriculture posait pour la première fois la question de l'avenir de l'agriculture en France.


Et le consommateur dans tout ça?

10/10/2010

La taille des arbres

Nous avons reçu dans notre boîte aux lettres la communication qui suit. Elle était signé 'anonyme'. En temps normal, nous ne publions pas des messages sans signature. Mais ce texte rejoint nos préoccupations rurales en cours, et nous avons pensé qu'il pourrait bien intéresser d'autres rochois. Donc le voici:

"Qui donc s'est permis de tailler le 'Catalpa' planté devant la Chapelle de St. Bonnet?
Sans aucun doute un ennemi de la nature.....
Cette personne n'avait-elle donc rien d'autre à faire que de venir massacrer un arbre?
Renseignements pris auprès des Services Techniques de la Commune, ce n'est pas eux. La taille des arbres est confiée à des entreprises privées (Ils ont tout de même une petite idée sur le responsable, mais leur devoir de réserve leur interdit de dénoncer le coupable).
Quoi qu'il en soit, cette personne a coupé plusieurs grosses branches en pleine période de sécheresse, mi-septembre, sans avoir mis de cicatrisant, ce qui va favoriser les attaques de champignons et d'autres maladies.
Un professionnel en pépinières en déduit que c'est un irresponsable!"
Anonyme