28/09/2010

Deux Photos de l'Agriculture à Roche (suite)

Deuxième photo, la mémoire: il y a 30 ans il y avait une plus grande diversité de productions agricoles sur la commune. Dans le quartier des Girauds où j'habite, il y avait 3 troupeaux de chèvres. Mon voisin le plus proche avait 3 vaches, sa femme un troupeau de chèvres; ils avaient poules, lapins et canards. On pouvait acheter lait de vache, fromage de chèvre, œufs, et de temps en temps un canard ou un lapin. L'exploitation familiale paysanne reposait sur une organisation sociale: parents âgés, secondés par un fils célibataire en double activité.


Il y avait également dans le village un élevage de poulets avec son propre abattoir. Un(e) coctier faisait le lien entre les producteurs et la population non agriculteurs. On lui passait commande pour fromage, œufs, poulets, canards etc., et elle faisait la tournée des fermes pour s'approvisionner. Il y avait un circuit commercial de proximité. On trouvait également selon les saisons noix, miel et autres produits. Ces circuits courts de commercialisation permettaient à une agriculture paysanne diversifiée d'écouler son surplus, et aux voisins non agriculteurs de profiter de produits frais de qualité.


Je ne raconte pas cette "autre" agriculture d'il y a 30 ans par nostalgie, en voulant voir revenir "les temps anciens". Elle s'appuyait sur une structure sociale et des façons de vivre qui n'existent plus. Et si elle a disparue, c'est qu'elle n'était plus viable sous cette forme-là. Mais il est important de constater qu'une agriculture paysanne diversifiée a pu se développer autrefois sur la commune, avec ces propres circuits courts de commercialisation. Rien ne permet de dire qu'elle ne puisse se reconstituer à nouveau, sur d'autres bases, et avec une autre organisation sociale. Ces exemples montrent également qu'une exploitation agricole est un ensemble complexe vivant, une activité de production liée à la nature du terrain, dépendante des aléas du climat, s'appuyant sur une organisation sociale et répondant à notre premier besoin d'hommes et de femmes: manger des aliments frais de qualité.


Les politiques agricoles française et européennes sont passées par là, avec le développement de filières et la spécialisation des exploitations; on pense à la mono-culture des céréales dans la Beauce. Mais ces derniers temps des agriculteurs conscients du piège que constitue pour de petites surfaces cette spécialisation, diversifient leurs productions, et cherchent à mettre en place, avec des citoyens non agriculteurs, des circuits courts de commercialisation. On a vu naître un peu partout des AMAP (il y aura un texte à ce sujet ultérieurement), des magasins en directe de la Ferme, des marchés de producteurs etc. Chacun trouve la forme de circuit local qui lui convient.


J'ai enregistré une émission des programmes d'été de France Inter (5 août) au sujet de l'avenir de l'agriculture vu par un certain nombre d'agriculteurs jeunes, et moins jeunes. Le débat est passionnant, et permet d'ouvrir des pistes de réflexion. Si quelqu'un souhaite l'écouter, je peux lui faire une copie.

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